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BLOC AXILLAIRE par voie TRANSARTERIELLE
Cas cliniques
Matériel
Drogues
Comment procéder ?
Indications
Contre-indications
Avantages
Inconvénients
Effets secondaires et complications
Trucs à connaître
Coûts
Le bloc axillaire ou BAX consiste à injecter un anesthésique
local au niveau du creux axillaire pour bloquer les cinq nerfs du membre
supérieur. Le BAX est indiqué pour des opérations
du coude, de lavant-bras, du poignet et de la main dune durée
égale ou supérieure à 1h30.
La technique par injection transartérielle décrite
ici est la plus simple pour « bloquer » le membre
supérieur. Elle est basée sur une expérience de
1.000 cas par an depuis plus de 20 ans.
Deux injections sont nécessaires : une proximale, transartérielle,
pour bloquer les nerfs radial, médian et cubital ; et une,
un peu plus distale, sous-cutanée et intramusculaire, pour bloquer
les nerfs musculo-cutané et brachial cutané interne ainsi
que les petites branches sensitives des nerfs intercostaux.
Cas cliniques :
Contrairement aux idées reçues, le BAX par voie transartérielle
est un bon choix pour les infections du membre supérieur sil
ny a pas de ganglions axillaires palpables ni de lymphangite. Voir
cas décrit plus haut pour lAVR. Ceci est dautant plus
vrai si une anesthésie générale présente des
risques importants ou si lAVR nest pas possible.
Autres cas : en principe, toutes les opérations
du coude, de lavant-bras, du poignet et de la main dune durée
égale ou supérieure à 1h30. Ou des opérations
sur les mêmes sites, quelle que soit leur durée, si une excellente
analgésie postopératoire est requise.
Matériel :
- Une aiguille fine 24 G
- Une tubulure de 75 cm
- Quatre seringues : trois de 20 cc et une de dix
cc
- Un set stérile avec deux cupules : une pour
le désinfectant et une pour les drogues à injecter.
- Un garrot
- Un manomètre standard
- Une bande dEsmarch
- Un cathéter intraveineux
Drogues pour un BAX standard (durée :
5 heures) :
- Adrénaline : 0,4 mg = 2 cc (diluer 1mg dans
5 cc Indispensable. Ne jamais oublier !)
- Lévo-bupivacaine (Chirocaine ) 0,5 % : 20
cc
- Lidocaine carbonatée 2 % : 50 cc
- NaCl 0,9 % : 10 cc
Drogues pour un BAX de longue durée (12 à
24 heures) :
- Adrénaline : 0,4 mg = 2 cc (diluer 1 mg
dans 5 cc Indispensable. Ne jamais oublier !).
- Lévo-bupivacaine (Chirocaine) 0,5 % : 45
cc.
- Lidocaine carbonatée 2 % : 25 cc.
- NaCl 0,9 % : 10 cc.
- Catapressan : 150 mcg.
Donc, dans les deux cas, un volume total denviron
80 cc !
Comment procéder ?
Pour les premiers BAX par voie transartérielle,
il est préférable dêtre assisté par un
anesthésiste familier de la technique. Choisissez des cas simples
avec de bons repères. Dans tous les cas, suivez scrupuleusement
les consignes !
Préparation :
- Mesure de la tension artérielle et de loxymétrie
du côté opposé, patient couché sur le dos.
- Poser un cathéter intraveineux du côté
opposé à lopération et injecter demblée
une sédation iv (p.ex. midazolam 2 mg, ou Propofol).
- Expliquer au patient que deux piqures sont nécessaires
pour endormir le bras et quil ne peut pas bouger. Le prévenir
que, si laiguille touche un nerf, il aura « une petite
décharge » dans le bras ou dans la main.
Bloc proprement dit :
- Mettre le bras à opérer dans une position
confortable et optimale : sur un double coussin, la main au-dessus
de la tête, le bras en abduction à un peu plus de 90°.
- Avant denfiler les gants stériles, prendre
ses repères : càd faire deux marques avec un marqueur
indélébile sur lartère brachiale: une
première ligne horizontale (distale) sous le biceps où
lartère est facilement palpable ; et ensuite, en prolongeant
cette ligne, faire une autre marque (proximale) sur lartère
presquà laplomb du muscle grand pectoral.
- Désinfecter la région axillaire.
- Position de lanesthésiste : assis
confortablement, le thorax dans laxe du bras, et, pour un droitier,
lindex de la main gauche sur le point proximal et laiguille
entre le pouce et lindex droits « comme un crayon ».
- Rappeler à lassistant quil faut injecter
30 cc derrière lartère puis 30 cc devant et quIL
FAUT ASPIRER TOUS LES CINQ CC pour être sûr que laiguille
na pas migré en intra-artériel.
- Première injection. Prévenir le
patient et piquer dun petit coup sec pour pénétrer
de quelques millimètres et essayer dêtre demblée
dans lartère.
- Dès le reflux du sang artériel dans la
tubulure, enfoncer laiguille de quelques millimètres jusquau
moment où le reflux sarrête.
- Injecter quelques cc pour purger la tubulure.
- Réaspirer pour être bien sûr quil
ny a plus de reflux sanguin.
- Injecter 30 cc, en aspirant tous les 5 cc. Puis,
après les 30 cc, rester en aspiration continue et retirer doucement
laiguille pour passer devant lartère.
- Repurger le sang passé dans la tubulure au moment
du passage dans lartère.
- Réaspirer
- Injecter 30 cc devant lartère en aspirant
tous les 5 cc.
- Retirer laiguille, la déconnecter de la
tubulure et la reconnecter sur la seringue de 10 cc.
- Demander à laide de tenir la main. Se positionner
près du thorax du patient. Prévenir le patient de la 2ème
injection.
- Deuxième injection. Infiltrer en sous-cutané
sur la ligne-repère distale (environ 8 cc) : une grosse
papule (3 cc) pour bloquer le nerf brachial cutané interne puis,
5 cc en arc de cercle pour bloquer les branches sensitives des nerfs
intercostaux.
- En position debout, pincer le muscle coraco-brachial.
Chercher avec laiguille le contact osseux et infiltrer en éventail
dans le muscle pour bloquer le nerf musculo-cutané (environ 8
cc).
Après les deux injections :
- Comprimer la région injectée et prévenir
le patient que les premiers signes dendormissement apparaîtront
rapidement : chaleur, picotements, lourdeur.
- Tester au froid après 5 à 10 minutes les
deux côtés de l'avant-bras et les deux faces de la main.
Si le patient ne réagit pas au froid, lopération
peut commencer environ 20 minutes après les deux injections.
Indications :
- Interventions de plus d1h00 -1h30, du coude jusquà
la main.
- Analgésie postopératoire prolongée
(voir dosage longue durée).
Contre-indications :
- Infection du creux axillaire.
- Abduction du bras limitée (fonction de lexpérience).
- Coagulation : TP inférieur à 50 %.
Avantages :
- Aucun risque de toucher la plèvre ou de diffusion
vers le liquide céphalo-rachidien.
- Peut être pratiqué sous antiaggrégants
plaquettaires (aspirine et clopidogrel) si compression adéquate
post-injection. Aucune hématome après une très
longue série.
- Mécanisme daction par diffusion autour
de lartère, donc sans contact direct du nerf.
- En cas de fracture, technique très peu douloureuse
par rapport à la technique par stimulation électrique.
Inconvénients :
- Apprentissage un peu plus long que lAVR, mais
relativement facile.
- Délai dinstallation plus long que lAVR
mais la désinfection peut seffectuer déjà
15 à 20 min après la 2ème injection.
Effets secondaires et complications :
- Tremblements, dans les 15 min suivants linjection,
dus à labsorption vasculaire et la stimulation du SNC.
Rare. A traiter par 50 mg propofol en iv. Convulsions : très
rares ; risque darriver si vous omettez de mettre de ladrénaline
dans la solution !!!
- Infection au site dinjection : théorique
car jamais rencontré.
- Lésion nerveuse persistante. Théorique.
Jamais rencontré après plusieurs milliers de cas. Des
paresthésies peuvent survenir pendant le bloc. Toutefois, lincidence
de troubles neurologiques postopératoires nest pas différente
quil y ait eu paresthésies ou pas (voir réf.).
- Tachycardie pendant ou après le bloc,
due à labsorption dadrénaline. Rare. A traiter
par Esmolol IV jusquau retour à la normale.
Trucs à connaître :
- Si le garrot fait mal au cours dune chirurgie
de la main sous BAX, un garrot stérile peut être posé
sur lavant-bras.
- Si, en testant le BAX, un territoire nerveux nest
pas bloqué, il y a deux solutions. Soit ré-infiltrer le
nerf correspondant. Soit, « faire une AVR par-dessus »
(cathéter iv du côté à opérer, bande
dEsmarch, injecter 40 cc divracaïne 0,5% !) Certes,
pas académique mais rapide et efficace, et souvent moins dangereux
que faire « une anesthésie générale
par-dessus ».
- Réduire la dose chez les personnes très
âgées ou chez les patients avec des bras très fins.
- Si lartère brachiale est difficilement
palpable, injecter 10 mg Ephédrine iv.
- Si, au cours de la recherche de l'artère, du
sang veineux revient dans la tubulure, ne pas injecter ! Un bloc TRANSVEINEUX
est rarement de bonne qualité .
Où acheter et combien ça
coûte ?
- Pour les garrots, voir plus haut (AVR)
- Lidocain CO2 2% SINTETICA : 1 flaconx 20 ml :
4,80 francs suisses.
- Chirocaïne (lévo-bupivacaine) 0,5% ABBOTT :
1 flacon x 10 ml : 6,44 francs suisses
- Tubulure. Type : HEIDELBERGER, Extension line,
sterile, Luer Lock,75 cm : 0,50 francs suisses pièce. B/Braun.
www.bbraun.com.
- Aiguille 24 G. B/Braun. Sterican. Hypodermic needle.
Références :
Hudson et al. : The transarteriel brachial plexus
block for hand and forearm surgery : a review of 1062 cases. Eur
J Anaesth 2006 ; 24 : 470-471.
Selander et al. : Paresthesiae or no paresthesiae ?
Nerve lesions after axillary blocks. Acta Anaesthesiol Scand 1979 ;
23 (I) : 27-33.
Sites et al. : Incidence of local anesthetic
systemic toxicity and postoperative neurologic symptoms associated with
12,668 ultrasound-guided nerve blocks : an analysis from a propective
clinical registry. Reg Anesth Pain Med. 2012, 37 (5) : 478-482.
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